Nos joies, nos gênes
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Regards croisés de deux sœurs sur l'adoption, à plusieurs années d'intervalle, de leurs deux frères trisomiques, Martin et Antony, qui ont aujourd'hui 19 et 1S ans.
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Charlotte :
Quand nos parents nous ont annoncé que nous allions accueillir un petit frère, j'étais très fière, j'en parlais tout le temps à l'école. Et ça s'est très bien passé. Mais en classe de 5" et 4", j'ai déchanté. Je disais aux parents: Il Vous avez choisi de l'eccueillir, mais vous ne vous occupez plus de nous!' Martin était hyperactif, faisait beaucoup de bêtises, les parents devaient le surveiller en permanence. On ne pouvait plus partir en vacances chez des amis, par exemple. Puis nos parents ont trouvé un mode de garde; ce qui a permis à chacun de s'épanouir avec Martin:
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Charlotte :
J'ai été très gênée au moment de la puberté de Martin: il n'avait aucune pudeur et on ne pouvait pas le raisonner. Antony, lui aussi trisornique, a donc été adopté des années plus tard, mais cette fois j'étais à fond. Je me rendais compte que c'était grâce à Martin que j'étais cheftaine de guides handicapées, et que je choisissais le métier d'assistante sociale. Il nous avait ouvert le cœur, aidés à relativiser nos probLèmes personnels.
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Sophie :
Moi, je me suis braquée, parce que les parents partaient du principe que cette seconde adoption nous serait égale, à nous qui n'étions plus à la maison. Un frère, ce n'est pas ri~n ! Puis j'ai dit oui. La première fois , que je l'ai vu, Antony avait 11 ans. Il m'a sauté au cou!
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Sophie :
: J'adorais m'occuper de lui, j'étais sa seconde maman. Je ne me suis jamais dit: Il On n'aurait jamais dû l'adopter." La vie familiale se fait à son rythme, ce qui peut donner lieu à des situations étonnantes. Quand nous rentrons chez nos parents le week-end, on chante, on se déguise : moments de joie! Un regret: les balades, souvent faites pour de petites jambes.
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Charlotte :
Antony est très affectueux, parle bien, n'est pas compliqué. Quand je lui ai présenté mon fiancé, il l'a très bien accueilli. Avec Martin, cela a demandé du temps car il fallait l'apprivoiser. Du coup, ça a été un vrai sujet: il fallait que mon fiancé accepte mes frères, alors que dans sa famille, le handicap est inconnu. Il était inquiet que je veuille adopter à mon tour et je l'ai rassuré en lui précisant que c'est une décision de couple. A présent, je viens d'accoucher, et Antony m'a dit: "Moi m'occupe du bébé, moi dors avec iui, moi le promène "
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Charlotte Lagorse et Sophie Puvis
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Paru dans le N°188 - juillet-août 2012 - Ombres & Lumière
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